Recherche en matière de biomarqueurs de la bipolarité – 11 janvier 2023

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Communiqué par Eliane MELON – Groupe Conférences

Paris, le 11/01/2023

En 2022, la recherche fondamentale en psychiatrie a considérablement progressé, comme nous avons pu le constater grâce à nos conférences mensuelles. En parallèle, au niveau du terrain, divers modèles d’organisation des soins ont été élaborés, testés et fonctionnent. Ils incluent patients, proches, pairs-aidants, associations, et des professionnels de santé, prêts à remettre en cause les anciennes croyances et des méthodes devenues obsolètes.

Nos chercheurs, parmi les meilleurs au monde, sont proches de résoudre les défis physiopathologiques des maladies psychiatriques, longtemps considérés comme insurmontables.

De ces avancées, naît la promesse de soins innovants personnalisés qui pourront être dispensés par les futurs médecins psychiatres, ouverts, humains, qui savent néanmoins que rien ne remplacera l’écoute respectueuse de la personne qui souffre.

Si ce n’est pas nous qui bénéficierons directement de ces progrès, ce seront nos enfants et petits-enfants, un legs positif, enfin.

En ce qui concerne les « tests diagnostic » et/ou les « biomarqueurs » de maladies psychiatriques, la fièvre chercheuse s’est emparée de nombreuses équipes dans le monde, et, comme cela arrive souvent dans le domaine scientifique, plusieurs sont maintenant sur le point d’aboutir.

En France, le retard diagnostic des troubles bipolaires reste considérable et pénalise gravement les personnes concernées. Il s’écoule en moyenne dix ans entre le premier épisode et l’instauration d’un traitement adapté. Cette errance thérapeutique s’explique en partie par la difficulté de poser un diagnostic clair. Trop souvent encore, les patients atteints de troubles bipolaires sont diagnostiqués, à tort, comme souffrant de « dépression récurrente » et sont traités au moyen d’antidépresseurs, ce qui a pour effet d’aggraver, l’évolution de leurs symptômes.

  • Le projet « Bipo-vite » conduit par le Pr Nicolas GLAICHENHAUS du CHU de Strasbourg et soutenu par la Fondation FondaMental a pour but d’identifier un biomarqueur sanguin permettant de poser un diagnostic lorsque qu’un patient souffrant de troubles bipolaires entre dans la maladie par un épisode dépressif.
  • Le projet de recherche du Pr Raoul BELZEAUX du CHU de Montpellier, qui a obtenu le prix Marcel Dassault 2022 de l’innovation en Psychiatrie, poursuit le même objectif. Le biomarqueur qu’il utilise, existe déjà et son dosage peut être effectué dans un laboratoire d’analyses médicales courantes. Son coût devrait être faible. Ce test lui aussi permet de faire le diagnostic différentiel entre dépression récurrente et dépression dans un trouble bipolaire.
  • Le laboratoire privé Alcediag a développé une approche plus sophistiquée, mais aussi plus coûteuse car nécessitant le recours à l’épigénétique. Leur test validé et fiable, permettrait lui aussi de faire le diagnostic différentiel entre dépression récurrente et dépression dans un trouble bipolaire.

Ces ”tests” utilisant des biomarqueurs différents, qui s’adressent aux mêmes catégories de patients, devraient être applicables chez environ 40% des personnes atteintes de troubles bipolaires non diagnostiqués, qui sont en phase dépressive, pas les autres. Mais d’autres méthodes de diagnostic heureusement existent pour les 60 % restant, la clinique !!!.

Les approches de ces trois équipes en sont à la phase des « études de réplication avec des essais multicentriques », visant à leur validation scientifique. Les progrès sont donc importants, mais aucun ne possède le test miracle annoncé par certains et qui permettrait de dire à partir d’une simple prise de sang si une personne est bipolaire ou non. Il ne faut faire dire aux examens complémentaires que ce qu’ils disent, pas d’avantage. En médecine, les résultats de “ tests” ou dosages de biomarqueurs, ne sont valables que dans des circonstances précises, et toujours confrontés à la clinique.

L’enjeu est de taille pour ceux qui ont investi des années de recherche et des sommes élevées. La raison veut que l’on choisisse le « test » le plus fiable, le plus facile à réaliser partout, le moins onéreux, mais aussi, que l’on veille à ce que ce « test » soit diffusé largement avec les modalités d’application strictes, auprès des médecins généralistes qui sont les premiers au contact des patients souffrant de dépression, en vue d’une orientation rapide des personnes vers les spécialistes qui caractériseront exactement le trouble et proposeront le traitement le plus adapté à leur cas.

Ces efforts de recherches sont prometteurs, pour nous, pour ceux qui nous sont chers et pour tous ceux qui souffrent d’une maladie non diagnostiquée. Nous adressons toute notre reconnaissance aux chercheurs qui partagent avec nous régulièrement leurs progrès et leurs avancées, nous jugeant dignes d’en recevoir la primeur, tout en restant à l’écoute de nos questions quant à l’avenir qu’ils préparent, avec nous.

Contact pour questions ou commentaires éventuels : question@argos2001.fr

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