Les relations d’un patient souffrant d’un trouble bipolaire avec les médecins sont souvent mouvementées et conflictuelles. Il existe parfois un ressentiment du malade vis à vis des médecins consultés, avant que le diagnostic ne soit clairement porté, mais aussi accepté.
Des années de « mal vivre » peuvent amener à consulter de nombreux médecins dans l’espoir, souvent déçu, d’un retour à une vie sans souffrance. Quelquefois même ce sont les malades qui, à force de se renseigner sur ce qu’ils ressentent, finissent par faire leur diagnostic et le présentent « sur un plateau » au médecin.
L’autorité et la compétence du corps médical peuvent en ressortir amoindries chez ces personnes. Au delà du ressentiment pour absence de diagnostic, il existe une réaction de rejet du médecin par de nombreux patients à qui l’on annonce, parfois de manière inadaptée, qu’ils sont porteur d’une maladie grave et chronique.
Inconsciemment le médecin diagnostiqueur est rendu symboliquement responsable de la maladie et l’espoir du traitement sera recherché chez d’autres confrères.
Trois objectifs doivent guider la relation avec les médecins :
- un diagnostic le plus précoce possible
- accéder à un spécialiste compétent
- établir une relation de confiance durable avec ce médecin
Il est tout à fait normal, lorsque le diagnostic de trouble bipolaire est évoqué, de consulter un spécialiste pour confirmation. Une fois cela fait il faut accepter « l’étiquette » difficile à assumer de malade nécessitant les soins d’un Psychiatre. Il serait illusoire d’essayer de nier le diagnostic et de chercher une solution chez des thérapeutes divers, guérisseurs ou autres gourous.
Les troubles bipolaires ont, entre autre, un support organique (au sens de perturbations neurochimiques du cerveau) et donc accessibles à un traitement médicamenteux. Le recours au médecin psychiatre est donc incontournable. Il faut le choisir plus en fonction de son ressenti relationnel que de sa compétence supposée.
Une fois un projet thérapeutique élaboré en commun il faut jouer « franc jeu » avec lui, conserver la confiance malgré les effets secondaires des médicaments (il n’y a pas de médicaments sans effets secondaires), malgré l’absence d’amélioration rapide (il faut souvent plusieurs mois pour ressentir enfin les effets bénéfiques du traitement), malgré les changements de traitement (il n’existe aucun traitement efficace chez tous les malades), malgré les conseils inavisés des proches (« Tu devrais plutôt voir le médecin du cousin de la voisine… »).
Par contre il ne faut pas adopter d’attitude infantile ou passive avec son médecin pour lui plaire ou par crainte de son jugement. Il faut lui faire part des effets secondaires, des difficultés rencontrées, des réticences par rapport à tel ou tel type de traitement, de l’absence de résultats. Il est difficile pour un médecin de sentir exactement de quelle quantité d’informations le patient à besoin. Certains se contentent du diagnostic initial et suivent docilement les traitements, d’autres sont avides d’informations détaillées de leur maladie.
N’hésitez pas à questionner précisément le médecin en sachant cependant qu’il vaut mieux éviter de poser des questions dont on est incapable d’assumer la réponse (soit sur le plan de termes scientifiques, soit sur le plan psychologique).
Il faut aussi savoir que les médecins sont également des hommes qui ont leur susceptibilité et leurs fragilités et qu’ils n’aiment pas être piégés, trompés, mis en défaut, accusés à tort ou à raison.