Relations avec l’entourage

Les bipolaires souffrent mais tous ont bien conscience que leur maladie fait également souffrir leur entourage.

Pendant les phases dépressives la souffrance morale du malade peut être intense, incommunicable, intolérable. Les proches se sentent démunis, impuissants voire même culpabilisés par cette impossibilité d’aider l’autre. Les capacités de gestion des taches de la vie courante sont quasi nulles et c’est à l’entourage d’assumer cette surcharge de travail et de responsabilités. Au bout de quelque temps l’autre « craque » et il y a un déprimé de plus.

Pendant les phases hypomaniaques l’autre n’arrive plus à suivre, il ne comprend plus, il est vécu à son tour comme un boulet à traîner, un empêcheur de bien vivre. C’est le temps des discordes.

Pendant les phases maniaques, les proches sont complètement dépassés, ne reconnaissent plus l’autre, le Dr Jekyl est devenu Mr Hyde. Ils vont devoir assumer les conséquences financières et judiciaires des comportements maniaques du malade. C’est le temps des séparations.

Plus que les conséquences financières ou professionnelles, ce sont les ruptures affectives avec les êtres aimés qui marquent le plus profondément. La maladie bipolaire n’arrive pas à effacer à long terme les sentiments profonds mais elle parvient trop souvent à détruire définitivement des relations affectives en laissant des cicatrices indélébiles dans les coeurs.

La culpabilisation face au désarroi affectif provoqué dans l’entourage doit être le moteur d’une responsabilisation du bipolaire dans la prise en charge de sa maladie. Le bipolaire n’apporte pas que souffrance à son entourage, loin de là. Les personnalités des bipolaires sont souvent généreuses, créatrices, sensibles, hyperaffectives. Les états hypomaniaques légers sont souvent bien perçus par l’entourage s’il n’y voit pas la brise annonciatrice de la tempête.

Faire toujours confiance dans les sentiments profonds est le seul moyen de dépasser les incompréhensions, les querelles, les drames, les séparations. Ce n’est pas forcément l’être le plus proche au quotidien qui est le meilleur soutien car il n’a pas suffisamment de neutralité dans ses réactions comportementales et manque de distanciation pour appréhender la succession des phases. Souvent il s’agit d’un père ou d’une mère, d’un frère ou une sœur, d’un ami de longue date, qui sera le soutien indéfectible.

C’est grâce à ce soutien que le bipolaire va pouvoir analyser plus objectivement sa maladie, se fixer des buts utiles et accessibles, lui confier certaines responsabilité à assumer lors des phases de la maladie. Il sera le principal « clignotant » pouvant avertir de l’approche d’une crise. Il sera toujours le refuge après la tempête. Même s’il ne comprendra pas forcément, il pardonnera.